COVID-19 : Le marché immobilier mauricien et les perspectives de reprise
L’Express Properties a interviewé Philippe de Beer, le PDG de Park Lane Properties, à propos de ses vues et de sa vision du secteur immobilier mauricien après la pandémie de Covid-19.
Le Coronavirus est partout dans l’actualité, et chacun de nous suit avec la plus grande attention, les nombreuses statistiques et faits couverts - en particulier, concernant les conséquences sur l’économie mondiale et les investissements immobiliers.
EP : Comment vous êtes-vous organisés face à la crise du Coronavirus qui a touché l’île Maurice ?
PDB : Notre équipe s’est rapidement mis en place à domicile, chacun se créant un espace de travail dans un endroit dédié dans sa maison. Dès le premier vendredi du confinement nous étions à pied d’oeuvre. Nous avons dès le début adapté nos horaires de travail afin que nous puissions aussi allouer suffisamment de temps pour nos familles, nos enfants, ce que chez Park Lane nous considérons très important. Nous avons par ailleurs immédiatement mis en place des nouvelles habitudes de communications en interne, notamment un planning de réunions en visioconférence à plusieurs niveaux pour rester en contact avec toute l’équipe Park Lane, et afin que nous puissions tous nous voir, prendre des nouvelles des uns et des autres et évaluer comment chacun vivait ce confinement et surtout s’il éprouvait certaines difficultés à être opérationnel ou même au niveau de sa famille. Nous organisons aussi des plus petits groupes de travail plusieurs fois par semaine, avec pour objectif de compléter tout ce que nous avons prévu dans notre stratégie administrative et commerciale pour cette période de confinement qui s’avère être extrêmement productive.
EP : Quel bilan dresser de la première quinzaine de confinement ? Y a-t-il une baisse au niveau des demandes (vente/location) ?
PDB : Les demandes ont drastiquement diminué. Les priorités des acquéreurs et locataires potentiels ont changé c’est évident et tous remettent à plus tard leurs recherches. En termes de volume de demandes, nous en étions à la dernière semaine de Mars, c’est à dire à la 2ème semaine de confinement à Maurice, à seulement 10% du volume de demandes de l’avant Covid-19. De Février à Mars 2020, nos demandes de citoyens mauriciens se sont réduites de plus de 30% et nos demandes de citoyens étrangers de 53%. Nos demandes d’achats ont baissé de 34%, et les demandes de location de 37%. Certainement que ces demandes continueront à baisser dans les semaines qui viennent.
EP : Quelle est votre vision du marché et quelles sont vos perspectives ?
PDB : A court terme, toutes les transactions sont pour le moment repoussées et les visites n’ayant plus lieu, il n’y aura que très peu de confirmations d’achats ou de locations jusqu’à la fin du confinement. Quand des acheteurs et vendeurs se sont déjà entendus sur un prix et des conditions avant l’annonce du confinement, certains s’inquiètent effectivement si la transaction ira toujours de l’avant. Selon le type de documents qui aura été signé pour sceller la transaction, il se peut que certains accords soient remis en question ou renégociés. Par ailleurs, on peut s’attendre à ce que certains vendeurs choisissent de mettre sur pause la vente de leur bien en attendant une reprise et des jours meilleurs. Les acheteurs pourraient aussi être moins importants pendant quelques mois.
Il faudra un peu de temps pour voir le réel impact à long terme du Covid-19 sur le marché immobilier à Maurice et dans le monde, mais on peut s’attendre à une baisse du volume des demandes post covid-19. Elles prendront un peu de temps pour retrouver le même niveau qu’avant le covid-19, mais le prix de l’immobilier lui n’en sera pas nécessairement impacté dans son ensemble, ou tout du moins ne devrait pas subir une baisse marquante. Connaissant l’appétence des mauriciens pour l’investissement immobilier, le marché saura certainement rebondir et se redresser. Mais c’est vrai qu’il y a tout de même une certaine incertitude. Un ralentissement possible. On s’interroge par exemple, avec l’ombre d’une possible récession et l’impact que cette pandémie aura eu sur certains foyers, sur la capacité et le choix de bons nombres d’acquéreurs potentiels de s’endetter pour un achat immobilier après le covid-19. Des taux d’intérêt plus bas et des mesures de soutien du gouvernement sur les prêts aux entreprises et aux ménages pourraient aider à absorber une partie de cette menace.
D’un autre côté, l’avis plus optimiste est que l’immobilier reste pour beaucoup une valeur refuge par rapport à d’autres types d’investissements, notamment le boursier. Certains vont choisir d’intégrer l’investissement immobilier dans leur portefeuille d’investissement si ce n’était pas le cas, en voyant la volatilité et la fragilité des marchés boursiers face à ce type de crise inattendues. La baisse des taux d’intérêt incitera certainement certains investisseurs à saisir l’opportunité d’emprunter et d’investir dans l’immobilier.
EP : Quelle est votre nouvelle communication ? Comment vous adressez vous à votre cible ?
PDB : Le marché immobilier repose presque entièrement sur du contact humain avant la concrétisation d’un achat ou d’une location. Cette crise vient donc directement impacter la profession et notre capacité à clore un dossier de vente. Les signatures d’actes authentiques devant notaire et ensuite l’enregistrement des actes au bureau de l’enregistrement ne pouvant se faire, les transactions n’ont pas lieu. Il est donc important, en attendant la réouverture des bureaux et de l’activité économique normale, de garder le contact avec nos clients et ceux qui nous font confiance. C’est ce que nous faisons plus que jamais ces jours-ci. Nous continuons aussi à conseiller nos propriétaires sur le juste prix pour la mise en vente ou en location de leur bien, avec si besoin une visite de leur propriété en visioconférence avec eux et ainsi leur donner un avis plus pertinent. Les outils de communication digitaux et les réseaux sociaux sont des ressources importantes pour une communication plus large, et le contact individuel par téléphone et autres moyens de téléphonie digitale est l’alternative pour un contact plus exclusif, plus rapproché avec nos clients.
Remarques additionnelles : cette période de confinement nous permet aussi de réfléchir sur plusieurs sujets afin de rendre les transactions immobilières plus digitales à l’Ile Maurice : par exemple, le besoin de légiférer la signature digitale de certains documents comme les promesses de vente ou même les actes authentiques, afin que ce soit un mode de signature légalement accepté s’il est fait sous certaines conditions et via certains logiciels spécialisés.
Lisez ici l’article du Covid-19 : la vision de deux acteurs du marché immobilier mauricien et les perspectives pour la reprise : https://view.joomag.com/lexpress-prope…/0016970001586528813…
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